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Rapport du département d’État américain sur le climat d’investissement 2025 au Maroc


Publié à l’été 2025, le dernier rapport sur le climat d’investissement au Maroc du Département d’État américain dresse un portrait du royaume. Le document, long de plus de 30 pages, salue la stabilité politique, les réformes structurelles et la modernisation du système financier, tout en soulignant les défis liés à la gouvernance publique.

Un cadre macroéconomique solide et une stabilité rare dans la région


Dans un contexte mondial marqué par les tensions économiques et géopolitiques, le Maroc se distingue par une stabilité politique et macroéconomique enviée. Le rapport américain souligne que le pays “offre un environnement prévisible pour les investissements étrangers”, soutenu par une politique monétaire prudente, un système bancaire solide et une orientation claire vers l’ouverture internationale.

La Banque Al-Maghrib a maintenu une gestion rigoureuse de l’inflation et du taux de change, renforçant la confiance des investisseurs institutionnels. Quant au secteur bancaire, il figure parmi les plus développés d’Afrique : Attijariwafa Bank, Banque Populaire et BMCE Bank of Africa dominent un marché intégré et connecté aux grandes places financières du continent.

La Bourse de Casablanca, avec une capitalisation d’environ 79 milliards de dollars, se positionne comme la deuxième place financière d’Afrique, derrière Johannesburg. Les réformes récentes visent à faciliter les introductions en bourse, à moderniser les outils de financement et à attirer davantage d’investisseurs étrangers.

Innovation et propriété intellectuelle : un virage vers l’économie de la connaissance


Le Maroc mise désormais sur l’innovation comme moteur de croissance. Le rapport note une progression nette du nombre de dépôts de brevets, marques et dessins industriels : plus de 31 000 marques et 2 900 brevets enregistrés en 2024, selon l’Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC). Cette dynamique s’explique par la digitalisation des procédures et la coopération accrue avec l’Office Européen des Brevets (EPO).

Sur le terrain, le gouvernement tente de structurer un écosystème de start-up soutenu par les universités, les incubateurs régionaux et les zones industrielles intégrées. La montée en puissance des technologies vertes, de la mobilité électrique et des solutions logicielles marocaines témoigne de cette mutation vers l’économie du savoir.

Toutefois, le rapport souligne que “la recherche appliquée reste sous-financée” et que les liens entre secteur public et privé demeurent à consolider.

Cryptomonnaies et finance digitale : entre prudence et ouverture


Sujet sensible depuis plusieurs années, la question des cryptomonnaies marque un tournant. Le Maroc, longtemps prudent, prépare désormais un cadre légal clair pour encadrer les actifs numériques. Selon le rapport américain, environ 16 % des Marocains détiennent déjà des cryptomonnaies, un taux parmi les plus élevés du continent. La future loi devrait “permettre une meilleure supervision tout en stimulant l’innovation fintech”.

Le développement de solutions de paiement électronique, encouragé par la Banque centrale et les grands opérateurs bancaires, participe à cette transition vers une économie de plus en plus numérisée et inclusive.

Réforme du secteur public : l’État actionnaire en transformation


Le rapport consacre un passage détaillé à la réforme du secteur public. Avec 271 entreprises et établissements publics, dont des géants comme l’OCP, l’État marocain reste un acteur économique majeur. Mais ces entreprises sont souvent critiquées pour leur faible rentabilité et leur gestion administrative lourde.

Depuis la création de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État (ANGSPE), le gouvernement s’efforce de rationaliser la gouvernance et d’ouvrir certaines activités au secteur privé, notamment dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, et des services logistiques.

Le rapport estime que cette réforme pourrait “libérer le potentiel d’investissement privé tout en améliorant la transparence”.

Corruption et transparence : progrès réels, défis persistants


Sur le plan de la gouvernance, le Maroc obtient une note mitigée. Classé 99ᵉ sur 180 selon Transparency International, le pays progresse lentement dans la lutte contre la corruption. La nouvelle loi 46-19 renforce les pouvoirs de l’Instance nationale de probité, de prévention et de lutte contre la corruption (INPPLC). Mais le rapport note que les conflits d’intérêts ne sont pas encore suffisamment encadrés, et que les sanctions judiciaires restent rares.

Le gouvernement a lancé une plateforme en ligne et une ligne directe anti-corruption, mais les citoyens comme les investisseurs “attendent encore des résultats concrets et mesurables”.

Stabilité politique et sécurité : un atout majeur


Enfin, le Département d’État américain souligne la stabilité politique et sécuritaire du royaume. Les manifestations sociales ou politiques, y compris celles liées à la situation au Proche-Orient, “se sont déroulées dans le calme, sans atteinte majeure à l’ordre public”.

Le Maroc continue de jouer un rôle de médiateur régional et de partenaire stratégique des États-Unis et de l’Union européenne, notamment sur les questions de migration, de sécurité et d’investissement.

un pays attractif, mais encore en transition


“Le Maroc reste l’un des marchés les plus dynamiques et les plus stables d’Afrique du Nord”, conclut le rapport.

Les atouts du pays — stabilité, position géographique, système financier solide, et politique d’ouverture — attirent toujours les investisseurs étrangers. Mais pour franchir un cap, le royaume devra poursuivre ses réformes : simplification administrative, transparence, et stimulation de la concurrence dans les secteurs dominés par les entreprises publiques.

Le Maroc 2025 est à un tournant économique : celui d’un pays émergent qui cherche à passer du statut de plateforme régionale à celui d’économie du savoir, compétitive et innovante.