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Le retour des talents marocains du monde : une nouvelle dynamique entre enseignement et entrepreneuriat

À l’heure où le Maroc renforce son ouverture économique et scientifique, un phénomène attire l’attention des chercheurs et des décideurs : le retour croissant des Marocains résidant à l’étranger (MRE) pour contribuer activement au développement du pays.
C’est dans ce contexte que le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger (CCME) et l’Université Internationale de Rabat (UIR) ont récemment dévoilé une étude approfondie intitulée « Dynamiques et ressorts du retour des compétences marocaines du monde : un focus ethnographique sur le milieu universitaire et le monde de l’entrepreneuriat ».

Un retour motivé par l’envie d’agir et de transmettre
Menée à travers une approche ethnographique, l’étude s’appuie sur de nombreux témoignages de Marocains ayant choisi de revenir après plusieurs années à l’étranger. Leurs parcours, souvent exemplaires, traduisent une double motivation : transmettre leur savoir et contribuer à la transformation du Maroc.
Beaucoup d’entre eux réintègrent le pays à travers deux principaux canaux :
• le milieu académique, notamment les universités publiques et privées, où ils introduisent de nouvelles méthodes pédagogiques et de recherche ;
• et l’entrepreneuriat, souvent dans les secteurs technologiques, éducatifs ou sociaux, où ils cherchent à appliquer les compétences acquises à l’international.

Des compétences et des idées neuves pour le pays
Ces MRE de retour se distinguent par leur haut niveau de qualification et leur expérience internationale. Ils apportent au Maroc des compétences techniques pointues, mais aussi des valeurs de management moderne, de rigueur scientifique, et une vision plus globale des marchés.
Leur impact se fait déjà sentir :
• dans les universités, où ils participent à l’internationalisation des formations et à la valorisation de la recherche appliquée ;
• dans les startups et les PME innovantes, où ils introduisent de nouvelles pratiques d’entrepreneuriat durable et de gouvernance.

Des obstacles encore présents
L’étude du CCME et de l’UIR souligne toutefois plusieurs freins majeurs à ce retour. Beaucoup de talents peinent à trouver des postes correspondant à leurs qualifications ou à accéder aux financements nécessaires pour lancer leurs projets. Les lenteurs administratives et la complexité des démarches restent également des obstacles notables.
Malgré cela, ces retours ne se soldent pas par un échec : au contraire, beaucoup de MRE « bricoleurs de solutions » trouvent dans l’entrepreneuriat un espace de liberté et d’innovation. Ce mouvement contribue à transformer le rapport entre diaspora et territoire, en passant d’une logique de transfert financier à une logique de transfert de compétences et de savoirs.

Pour un cadre plus accueillant aux talents du retour
Les recommandations formulées à l’issue de l’étude vont dans le sens d’une meilleure valorisation des compétences issues de la diaspora. Parmi les propositions phares :
• la création d’une Fondation dédiée aux Marocains du monde, pour centraliser l’accompagnement et les initiatives de retour ;
• le développement d’une « diplomatie scientifique et entrepreneuriale », à travers des incubateurs, des programmes de mentorat et des passerelles entre universités et entreprises ;
• et une simplification administrative pour fluidifier l’installation et la création d’activités économiques au Maroc.

Un enjeu stratégique pour l’avenir
Le président du CCME, Driss El Yazami, et le président de l’UIR, Noureddine Mouaddib, ont rappelé lors du séminaire de présentation que la diaspora marocaine est une force stratégique pour le pays. Ses membres représentent à la fois un capital humain et un capital intellectuel inestimables pour les prochaines décennies.
L’étude conclut sur une note d’espoir : si le Maroc parvient à lever les obstacles et à reconnaître pleinement la valeur de ses talents du monde, il pourrait devenir un modèle en matière de retour de compétences et de co-développement transnational.